Avec ce projet d’exposition consacré à l’Américain Emmanuel Radnitzky (1890-1976) – plus connu sous le nom de Man Ray –, nous avons transformé la Salle Noble du Musée en une sorte de chambre des merveilles d’avant-garde. Il s’agit d’une anthologie de ses photographies les plus emblématiques, issues d’une collection privée française et organisée autour de trois vecteurs : les nus, les rayogrammes et les portraits.

Un domaine dans lequel Man Ray excelle est la photographie de nus et d’études d’anatomie, qui reflètent son idée du corps comme objet de désir. Des figures débordantes de la « beauté convulsive » prônée par le surréalisme, dont l’expressivité est accentuée par des cadrages audacieux, des transparences, des jeux de lumière ou des fragmentations.

Une vision érotique de la femme autonome et audacieuse, comme dans les photographies mettant en vedette des collègues, des muses et des amants comme Meret Oppenheim, Lee Miller, Dora Maar, Suzy Solidor ou Kiki de Montparnasse.

Le côté expérimental de Man Ray se retrouve dans son attirance pour les éléments du quotidien sans grande valeur artistique. Surtout dans les rayogrammes, qui sont des photographies prises sans appareil photo.

Images négatives et grandeur nature obtenues en plaçant de petits objets sur le papier photosensible et en les exposant à la lumière pendant quelques secondes. Un ensemble regroupé dans l’album Champs Délicieux (1922), avec une préface du poète dadaïste Tristan Tzara, auteur du terme rayographies, dérivé du pseudonyme du photographe.

De même, Man Ray est l’auteur d’une intéressante galerie de personnages illustres du Paris des années 1920 et 1930, dans laquelle le portrait et la photographie de mode lui confèrent un formidable prestige.

Ces compositions, à la mise en scène sobre et à l’attention concentrée sur les visages, se distinguent par la maîtrise technique de leur auteur et constituent un prodige créatif sans précédent dans le genre.

En complément, nous montrons dans une vitrine un groupe d’autoportraits du photographe, où l’on peut voir son côté le plus insouciant, moqueur et provocateur au fil des années.